vendredi 2 septembre 2011

Retour en France



Untitled - De Citeaux à Quito...



Equateur, Equateur, j'ai pensé bien du mal de toi.
Toutefois, quand on est près de s'en aller...et revenant à cheval de l'hacienda par un clair de lune comme je fais ce soir (ici les nuits sont toujours claires, sans chaleur, bonnes pour le voyage) avec le Cotopaxi dans le dos, qui est rose à six heures et demie et seulement une masse sombre à cette heure...mais il y a des mois, que je ne le regarde plus.
Equateur, tu es tout de même un sacré pays, et puis qu'est-ce que je deviendrai, moi ?
Je retourne à Paris et quand on revient à Paris sans le sou, on a beau faire le chemin par le Brésil et la forêt tropicale, on sent déjà les crampes de la misère, et on se tracasse malgré soi pour la chambre à punaises qu'il s'agira de trouver dans ce grand Paris, que l'on connaît, ah oui, que l'on connaît.
Ca c'est la vérité à dire au moins une fois.

Ecuador, Henri Michaux


Marc et Julie

lundi 6 juin 2011

Sur les pas de Darwin

Les îles Galapagos ont été découvertes en 1535 par Tomas de Berlanga mais c’est véritablement Charles Darwin qui les rendit célèbres avec sa théorie sur la sélection naturelle et l’évolution des espèces au 19ème siècle.
2011, 19 mai, nous nous posons, en avion sur ce paradis terrestre et marin. Archipel composé de 48 îles, nous n’en visiterons « que » trois d’entre elles. Pour atteindre les autres, il faut être un bon nageur ou un des riches 169 998 américains (annuel) qui fait une croisière. Nous, les deux (de moins en moins riches) touristes restants, optons pour la découverte à pied et palmes.


L'emblème et star des Galapagos

 Santa Cruz, passage obligé
Ici, on arrive ou on part vers l’aéroport, on saute sur l’un des nombreux bateaux croisière ou navette inter-îles. Le port est en mouvement permanent, le malecon déverse des hordes de touristes ; mais à la descente du bus nous faisons abstraction de ces vagues déferlantes pour nous concentrer sur le cadre : devant nous, une petite falaise de blocs de roche volcanique envahie par un vert pur tombe dans les eaux du petit port teintées ici de bleu turquoise ; un peu plus loin, les pêcheurs reviennent les bras chargés de thon rouge et d’espadon, attendus de patte ferme par les pélicans prêts à tout pour engloutir dans leur gosier une miette du précieux trésor.


 Nous poussons la marche vers Bahia des Tortugas. Un chemin spécialement aménagé nous y mène. Autour de ce corridor pavé et ordonné se déploie une jungle surprenante avec notamment l’arbre-cactus, espèce endémique.


Au bout, la plage, au sable farineux et aux grosses vagues, Pacifique oblige. Mais celles-ci ne nous intéressent guère, face à la rencontre inattendue que nous faisons : l’iguane.
Se dédie principalement au bronzage, à la paresse et au regroupement invasif. Nous dégustons des yeux ce spectacle en ayant la sensation d’avoir fait un bond en arrière de plusieurs millénaires.

Ca n'a pas l'air gentil comme ça, mais là ils font du sur place

Bain de soleil pour Marc et Julie
Qui a dit que le soleil des Galapagos était nocif pour la peau ?




Nous arrivons enfin à Tortuga Bay, nettement plus calme que la précédente plage. Nous découvrons ce qu’est la mangrove (palétuviers ou buissons enracinés en bord de mer dans le sable) et comprenons à la lecture des panneaux que ce type d’écosystème est menacé par la montée des eaux et le mouvement du sable alors même qu'elle est un élément vital à la survie de certaines espèces marines.
Nous profitons des rayons de soleil déclinant pour cette première journée.




 
Nos autres passages sur Santa Cruz ne nous laisseront pas un souvenir aussi riche et varié que l’épisode décrit ci-dessus. Nous filons dès le lendemain pour Isabela.

Isabela, paradis (encore un peu) oublié
Lors de notre transfert en bateau, nous passons à proximité de différents îlots : myriades de roches disséminées ; certaines semblent même avoir été taillés pour le touriste en prenant des allures de tortues… Isabela se rapproche. Ile la plus grande de tout l’archipel, elle est aussi la moins peuplée. Il y a trois ans, paraît-il, il n’y avait pas encore de touristes, pas d’hôtels. Le port est un simple ponton, le nombre de bateau insignifiant et un comité d’accueil tout particulier nous laissent ébahis.

Lions de mer
C’est charmé par cette authenticité que nous nous mettons en quête de trouver un camping, en pleine nature. Vaste illusion ! Tous les terrains indiqués sur nos cartes n’existent plus ou sont temporairement fermés. Les hôtels sont vides, il faut les remplir. Vexés, nous allons demander pour deux nuits durant le terrain d’une villageoise et nous doucherons dans les toilettes publiques.


Nous abandonnerons vite cette précarité pour opter pour un petit hôtel économique et bien placé.


Côté plage
Côté Hostal

Côté village
Côté route en sable
Au cours de ces quelques jours de tranquillité, nous partons, seuls, à la découverte des richesses de l’île. Nous prenons conscience que faire le tour de l’île à pied relève de l’exploit voire de la bêtise : il n’y a que deux sentiers (de 400m et de 10 km), une unique route, de 18 km, le reste n’est que végétation dense, épineuse et volontairement resté à l’état sauvage.



Nous sommes seuls mais restons encadrés par ces limites. Cela ne nous empêchera pas de profiter pleinement des possibilités offertes : snorkelling, observation du bal des oiseaux, farniente sur les plages désertes et prise de contact avec les tortues.

Concha de la Perla ou notre ponton de snorkelling
Le snorkelling, c'est un peu la plongée pour les nuls. Sans bouteille, uniquement au masque-tuba-palmes, les eaux doivent être peu profondes pour bien distinguer ce mystérieux monde. Nous nous lançons donc. Nous nous retrouvons vite portés par les courants au milieu des lions de mer qui semblent joueurs ce matin là. C'est un peu Seaworld ou Marineland grandeur nature. Ils sont d'une agilité époustouflante, ils nous rasent sans jamais nous toucher, nous nous fatiguons à les poursuivre. Ils nous mordillent les palmes, nous effraient parfois avec leur gueule grande ouverte et leur cri mais nous font beaucoup rire et boire la tasse.


Les courants nous portent ensuite au plus près d'étranges rochers endormis. A moitié sous le sable, avec de grosses carapaces visqueuses, nous rencontrons les tortues de mer. Quasi inexistantes endormies, elles réveillent avec leur élégance les fonds marins lorsqu'elles virevoltent. Elles nous emmènent vers des bancs de poissons aux couleurs fluorescentes. Des plus petits au plus gros, on se croirait dans un aquarium géant : mes préférés sont les bleus à queue jaune avec trois petits boutons leur donnant un look très smart.
C'est difficile de vous décrire tout cela sans image...

Revenons à des activités plus terriennes.



Crabe étonnamment peu farouche, nous présupposons qu'il est aveugle

Plage en formation, à base de coraux et autres roches

 Petite séquence fous à pattes bleues :

Fous à pattes bleues au repos
Prise d'envol
Repérage
Préparation de l'attaque kamikaze toujours en groupe

Allez, parce que la connexion est bonne, en prime un petit film...


L'une de nos autres activités phare : l'observation des tortues. Il ne vous aura pas échappé que Galapagos signifie tortue en espagnol. Parmi les 12 espèces de grosses tortues recensées dans le monde, 5 se trouvent aux Galapagos. Décimés par les conquistadors, les pêcheurs de baleines et les chiens, celles-ci étaient en voie de disparition dans les années 90. Des centres d'élevage permettent petit à petit de les réintroduire, une fois vaillantes (vers 5 ans) dans la nature.


Tortue en pleine nature, un peu sauvage face à nous

Tortues dans le centre d'élevage, nettement plus sociables...

... et décomplexées


Après 5 jours où nous nous en sommes mis plein les mirettes, nous décidons d'aller sur San Cristobal, décrites comme la délaissée des touristes et la moins intéressante. Notre préférée pourtant.


San Cristobal, discrètement effacée
San Cristobal avec sa ville Puerto Baquerizo Moreno est la capitale administrative des Galapagos. La plus peuplée en hommes et lions de mer, nous la trouvons moins agressive et plus en paix avec elle-même.

Squat version Galapagos sur le malecon

Une fois de plus, pas de camping, mais nous allons nous dénicher une petite cabane genre Robinson Crusoë, à 10 mètres de la plage au coucher de soleil.


 

Les sentiers plus nombreux, nous offrent la possibilité de faire des balades, du VTT et toujours du snorkelling dans un paysage fidèle aux images d'Epinal. Le petit plus de l'île : une balade avec des petites raies marrons et des plus grandes à pois blanc.




Puerto Chino, après 25 km de VTT, jolie récompense
Après ces 15 jours de pur bonheur, nous n'en revenons toujours pas.
Si la faune et la flore restent indescriptibles sur ce blog, Darwin n’aurait peut-être pas du faire l’éloge de ces îles « Enchantées ». Trop belles pour être détruites, trop fragiles pour être connues, pour combien de temps ce paradis insolite résistera à la pression touristique ? Le compte à rebours a déjà commencé et ce depuis 1535...

I love boobies, traduisez, j'adore les fous à pattes bleues !

mardi 17 mai 2011

Parc de Cajas : juste une bouffée de cimes



J’aime d’un fol amour les monts fiers et sublimes !
Les plantes n’osent pas poser leurs pieds frileux
Sur le linceul d’argent qui recouvre leurs cimes ;
Le soc s’émousserait à leurs pics anguleux.


Ni vigne aux bras lascifs, ni blés dorés, ni seigles ;
Rien qui rappelle l’homme et le travail maudit.
Dans leur air libre et pur nagent des essaims d’aigles,
Et l’écho du rocher siffle l’air du bandit.



Ils ne rapportent rien et ne sont pas utiles ;
Ils n’ont que leur beauté, je le sais, c’est bien peu ;
Mais, moi, je les préfère aux champs gras et fertiles,
Qui sont si loin du ciel qu’on n’y voit jamais Dieu !


Théophile GAUTIER


mercredi 11 mai 2011

Pérou, nous revoilà !

Le Chili n’est pas pour nous. Exceptée la viande qui nous rappelle qu’un bon steack tendre c’est quand même bien bon, San Pedro de Atacama, ville dans laquelle nous séjournons, est résolument trop chère. Alors, passés les lessives, les mises à jour de blogs, le farniente sous un ciel qui ne connaît pas les nuages et une nuit sous les étoiles en compagnie d’Hubert Reeves et ses télescopes, on reprend la route. Désormais ce sera cap vers le Nord jusqu’à la fin de notre périple, en juin. On retrouve sur notre chemin le Pérou : sa campagne électorale, ses bonnets et Cruz del Sur, notre compagnie de bus préférée. Nous nous arrêtons à Arequipa, signifiant “l’endroit derrière la montagne pointue” et qui est la seconde ville du Pérou. La montagne pointue, elle, se nomme le Misti.


Passés ces détails géographiques, Arequipa nous charme par la petite hauteur de ces édifices, n’excédant pas deux étages, et leur blancheur étincellante. Malheureusement, face à tant de bien-vivre, les photographes sont un peu tombés en panne de photos.



Après deux jours de balades et découvertes gastronomiques – les picanterías sont des restaurants où les porcions de chicharron de cerdo sont gargantuesques; même Marc abandonne ! – nous décidons de faire le cañon de Colca, deuxième plus profond cañon du monde.


Il est vrai que côté droit dans le bus, lors des rétrécissements de voie, le mot profond prend tout son sens.
Dans cet environnement, où les roches deviennent des orgues, les rives des oasis et les oiseaux des condors, on choisit la marche pour tenter d’apprivoiser cette hauteur.









Pas facile tout de même : en deux jours nous dévalons 1200 mètres, puis en remontons 900, visitons un clocher...








... en descendons 800, dormons à Malata – sommaire mais inoubliable –

piquons une tête 400 mètres plus bas et enfin escaladons pendant 3 heures et demi les 1300 mètres du départ.




Après ce marathon des dénivelés nous attend le voyage en bus le plus long du monde : 43 heures au total, 3 bus, beaucoup trop de films, des kilomètres de désert de sable et au bout l’Equateur…

dimanche 1 mai 2011

Uyuni : du sel, du sable, nada mas !

Pour agrémenter nos repas de soirée - savoureux mais rationnés - nous avons investi à Potosi dans un condiment qui faisait affreusement défaut à nos préparations : du sel. 1 kilo ; c'est le minimum ici, pour 1 bolivien (moins de 10 cents), et ne cherchez pas Noirmoitier ou Guérande sur le paquet, ce sel là vient exclusivement d'Uyuni, le plus grand désert de sel du monde, perché à plus de 4 000 mètres un peu vers le sud.



Pour s'aventurer dans le Salar, le point d'entrée est Uyuni, ville mirage en plein milieu d'un désert où ne pousse que les montagnes couleur de cendres. A la voir comme une flaque de terre cuite au milieu d'une mer de sable, on pourrait penser à Las Vegas (sauf que je ne connais pas Las Vegas...) et en un peu moins clinquant sans doute. Le long des douzaines de rues poussiéreuses qui quadrillent le village, une bonne soixantaine de minis agences touristiques, bien en rang, proposent le tour d'Uyuni, cette excursion en 4x4 qui permet de pénétrer dans le Salar d'Uyuni et de poursuivre pour deux jours de traversée vers le désert du Sud-Lipez, un joyaux de la Bolivie nous a t-on dit...

Seulement, il faut d'abord choisir l'agence, ou plutôt la sauce à laquelle on consent à se laisser manger, puisque des touristes farceurs, plus en amont du voyage, se sont amusés à vous relayer les histoires - pas si rares dit-on - de passeurs de drogues qui vous laissent en plan au milieu du cagnard, de conducteurs qui carburent à la Huari dès le matin et qu'on retrouve ivres morts, ces histoires de carambolage mortel, etc... Bref, c'est un peu tatillon que vous vous présentez aux agences qui - avec un placidité commerciale ébouriffante - égrènent l'exact même argumentaire que la voisine, et refusent de saisir la perche manifeste que vous leur tendez pour sortir du lot et vous démontrer que LEUR TOUR est réellement exceptionnel. Mais non... 
Si encore des stratégies abjectement mercantiles étaient échafaudées pour nous appâter, nous aurions au moins l'illusion de les déjouer et ainsi, moitié par élimination, moitié par pseudo-instinct, nous finirions bien par trancher. Mais non, ici le marketing n'a pas encore percé et les chalandises se gardent bien de faire une promotion plus haute que l'autre, de peur sans doute d'enfreindre la quiétude qui règne dans le voisinage et la profession.

Aller, hop, un coup de tête... Il y avait des allemands inscrits pour le tour de demain matin dans cette agence, et je ne sais pas pourquoi, j'ai toujours un peu tendance à faire confiance les yeux fermés aux allemands...

Au matin de notre départ, nous sommes avec non pas 2, mais 4 allemands (je jubile...) mais aussi des hollandais et des coréens (que je tolère à l'occasion) dans deux 4x4 qui unanimement nous semblent dans un bon état. Notre chauffeur s'appelle Saul (Saoul ? humm....) et la blague de traduction franco-espagnole que vous devinez suffit à détendre illico l'atmosphère et à glisser entre les lignes - mais très clairement - le message suivant : on veut pas que tu boies, ok ?!!!

Nous partons.
Et là, on vous avait prévenu, c'est le Salar.

La ligne d'horizon tombe comme une enclume.

Ciel et Salar ne font qu'un
 
A perte de vue, du blanc, du sel et rien d'autre. Seul le bleu un rien plus vif du ciel permet de distinguer l'immensité. Avec ce soleil qui claque deux fois, on a intérêt à se protéger les yeux avec de bonnes lunettes. Ça tombe bien, nous avons préféré laisser les nôtres bien au chaud dans notre hotel à Potosi, où nous ne reviendrons jamais... Du coup, nous avons investi ; Julie dans des verres fumés comme des radios, et moi dans une monture qui se clipse sur mes binocles : effet Magnum garanti.

Double grab gracile

Avec cet air asséché par le soleil et le sel, le regard porte à des distances incroyables. En vagabondant sur le sol salé vers le nord, le sud ou pourquoi pas l'ouest, épris de liberté et étouffé d'espace, on finit vite par... s'arrêter ; à court d'idées de randos.
Sous les pas, les flocons de sels crépitent comme du vert brisé ou des Smacks dans le lait.

Julie domptant sa monture

Ces derniers mois, il a plu comme jamais dans le Salar, si bien qu'il est recouvert ça et là d'une fine pellicule d'eau qui disparaitra d'ici deux semaines mais qui donne a cette surface blanche et polie un reflet de neige glacée.

Saunier en plein travail (enfin en pause)

Notre 4x4 file à travers le paysage sans parvenir à faire bouger le paysage. De temps en temps nous croisons des sauniers boliviens pelletant à la main des tonnes de sel vers des camions a la carlingue croulante mais qui ont le mérite de faire des photos très Ikéa.



Nous quittons le Salar, direction le sud  à travers un désert semé de peluches vertes brunies par la lumière rasante de 3 ou 4 horizons. Ailleurs, c'est le sable et les timides silhouette bleues nuit ferment le ciel. On trace à travers la poussière, le long des sillons-rails, à 40 à l'heure, sous un soleil coupant, Manu Chao en guise d'hymne rassembleur.



Des pierres lunaires, posées ici depuis des millénaires partagent l'immensité avec une végétation hirsute où l'on devine serpents et scorpions.







Le vent est maitre des lieux. Il sculpte, assèche, modèle, enterre, déterre. Il fixe le rythme du désert. Et l'homme qui a depuis longtemps reconnu sa faiblesse dans ce milieu prend le parti - bien plus sage - de s'en émerveiller. Et c'est bien ainsi.



Quelques dizaine de kilomètres plus tard, nous découvrons des lagunes, comme posées au milieux de montagnes fumées, gigantesques braises endormies d'un feu antique qui aurait ravagé cette partie du monde.




Ces lagunes, qu'on croit d'abord rêver, reflètent les montagnes qui jouent avec les ocres, les gris, les mauves.
Jaune, bleue, verte... rouge. La nature a dû profiter de la solitude du désert pour aller puiser dans le fond de sa palette et oser des couleurs si crues et si improbables.


Cette laguna colorada ci-dessus, rouge sang lorsque le vent le décide, nous n'y croyions pas plus que vous ne croyez à cette photo. Et pourtant, rien n'est retouché, il s'agit bien de la couleur de l'eau, j'en veux pour preuve ces flamands roses qui se nourrissent de cette algue si particulière.


Un lama à pois
Dans ce terrain de jeu infini, il semble que tout soit permis aux forces de la nature. Nous découvrons plus loin des geysers, où l'eau des profondeurs sous pression n'a autre choix que de sortir en vapeur brûlante tant l'activité souterraine est pressante. Là aussi, rien de mieux à faire que d'ouvrir les yeux...

Julie Tazieff en approche du cratère

Belle et surprenante, cette nature n'oublie pas de gratifier ses fervents visiteurs et de fournir tout le confort nécessaire à la contemplation de son spectacle. Les sources chaudes en sont l'exemple parfait.



Au petit matin, par 4 700 mètres d'altitude, à en croire les plaques de glace qui figent les mousses, on doit flirter avec le 0°. Mais quand ces sources, profitant du soleil levant, vous appellent de leurs vapeurs, il est si bon de se laisser engourdir dans ce bain qui finit d'unir vos sens au milieu. Flottant, au propre comme au figurer, ainsi confié aux éléments, on sent littéralement les racines vous pousser dans le dos.1/


Vite rappelés à l'ordre par le soleil qui une fois de plus ne s'embarrasse pas de nuages, nous embarquons pour la dernière piste de notre traversée, le Sud Lipez, un désert plus contrasté où des dents montagneuses aiguisées de vent et de chaleur, laissent leurs entrailles couleur aubergine rouiller tranquillement au soleil.

Ici haut, les montagne semblent policées et douces comme un lourd rideau de velours qui s'affale après un spectacle rare qu'on essaiera de garder le plus profondément possible.



1/ Citation honteusement empruntée à Nicolas Bouvier dans L'Usage du Monde. Mais que voulez-vous, quand les mots sont trouvés, à quoi bon en chercher d'autres ?