lundi 28 février 2011

Into the Woof... (ou presque)

Ça y est, nous y sommes !

L'étape de JUNGLE (AAAAAAAAAHHHHHHHHHHHH !!!!!!!!)

La grande, la dure, celle qui fait peur...

Celle qui doit nous voir vivre pendant deux semaines, immergés dans une famille Kichwas au fin fond de la sauvage et inhospitalière forêt amazonienne.


L'histoire commence donc à Téna, bourgade tropicale mais paisible située à l'orée de l'Amazonie. C'est ici qu'est donné le point de rendez-vous pour se rendre à Tamia Yura, un centre de conservation géré par une communauté Kichwas qui accueille des volontaires pour travailler - et apprendre - sur les plantes amazoniennes et plus spécifiquement sur les plantes médicinales. En arrivant, nous apprenons que le patriarche de la famille, qui a fondé le site et planté tous les arbres est le fils d'un shaman qui lui a appris tout ce qu'il savait sur les plantes et leurs propriétés. C'est pour cela qu'il a dédié sa vie à récupérer et protéger des semences ancestrales et utilisées par ses aïeux.
Mais revenons à l'histoire. Nous arrivons donc à Tamia Yura, qui signifie en Kichwa Arbre à Pluie, du nom de l'arbre qui selon la légende a sauvé les ancêtres d'une sécheresse mortelle. Nous sommes escortés par Laidi, la presque-cadette de la famille (ils sont 10 frères et soeurs), qui parle couramment espagnol et fait beaucoup d'efforts pour faciliter notre accueil. La maison est construite en bois, et le toit est maillé de larges feuilles séchées. Perchées à soixante centimètres du sol (qui laissent présager de bonnes petites averses...), elle comprend quelques chambres (plutôt dépouillées, vous vous en doutez) une cuisine (rustique, elle aussi) et une salle à manger. Bien sur, il 'y a pas de fenêtre ; toute la maison est ouverte aux quatre vents, mais le climat explique aisément cette architecture. En effet, il règne une humidité importante qui rend nécessaire la création de courants d'air, si légers soient ils pour que ce soit respirable.
Et lorsqu'il ne fait pas 40°C, il pleut des cordes.

Nous sommes arrivés vendredi en début d'après midi à la maison, où était réunie une bonne partie de la grande famille. Tous très gentils, parlant parfois espagnol pour nous faciliter la compréhension, ils nous reçoivent avec un bon déjeuner nourrissant à base de soupe, de riz et de yuca (attention, si vous essayez chez vous, il faut le cuire !).
Comme il pleut cet après midi, nous ne travaillerons pas, c'est la règle ici. Du coup, chacun vaque à ses occupations... Julie et moi nous promènerons, bouquinerons et nous ferons dévorer par les moustiques jusqu'à ce que la nuit tombe et nous avec elle.


La douce berceuse de l'Amazonie



La dure condition du Wwoofer

Le lendemain, le chef de la police et sa famille débarquent à Tamia Yura pour visiter le site et la caverne. La caverne ? Et oui ! Le Papa a depuis quelques années découvert une grotte en voyant tomber sa vache dedans par accident, et a suivi ses longs couloirs creusés par les eaux souterraines...

Nous avons donc pu profiter d'une excursions spéléologiques à l'œil. Les brevets de guide-moniteurs, règles de sécurité et assurances étaient elles aussi à l'œil, mais cela n'avait pas du tout l'air d'étonner le chef de la police qui était occupé à se pinturlurer le visage avec de l'argile rouge trouvé au hasard d'une galerie.

Cherchez l'intrus parmi ces peaux rouges

Le reste du terrain est un florilège de plantes tropicales endémiques, de fleurs cocktails de couleurs dans un grouillement de vie sauvage assourdissant mais vivifiant.


Tamia Yura, vers 17h...













C’est également ce jour là que la mama nous fera découvrir une spécialité locale : la chicha (prononcer tchitcha). De couleur orangée et servie dans un grand verre, cette boisson nous a tout d’abord parue fort appétissante. Puis, à la première gorgée, un fort gout acre envahit la bouche et un relent amer provoque une intense nausée…
Sous le regard bienveillant de la matriarche, je ne peux m’empêcher d’apparaître surpris puis feint l’admiration, si bien que Julie – qui s’apprête à gouter - n’y voit que du feu… Je dois avouer qu’elle aussi a bien joué la comédie après un équarquillement des yeux qu'elle aurait bien voulu réprouver. Bien après avoir jeté le reste dans les fleurs, nous apprendrons que cette mixture macère pendant des mois et est préparée entre autre avec… de la salive pour favoriser la macération. Miam !

Le jour suivant, dimanche, la famille se réunit aux abords de la ville pour regarder le football et supporter l'équipe de la communauté, les Awapungos. Nous les suivons pour profiter de cette tranche de vie typique. Seulement, ce matin, il fait chaud et nous n'avons pas pensé à prendre de l'eau ; c'est bien dommage parce que sur le bord du terrain, ça cogne bien. Après le premier match, nous prenons congé de nos hôtes pour aller nous désaltérer à une échoppe du centre et dévorer un déjeuner gras et sucré. Nous craquerons en fin de repas pour un désert : une tarte à la crème et aux fruits...

Ces détails semblent sans doute sans grand intérêt mais ils sont les indices qui vont nous voir débarquer le lendemain matin, après une nuit de fièvre fulgurante pour Julie, aux emergencias de l'hôpital de Tena. Fiévreuse, faible et terrassée par de violents maux de ventre, Julie souffre en réalité de déshydratation qui flirte avec l'infection urinaire, doublée d'une intoxication alimentaire (ah... la bonne tarte à la crème...).



Petite averse quotidienne

Les jours qui suivent sont peu captivants. Disons que ce sont ceux de la réhydratation et de la convalescence dans un hôtel assez miteux (mais bien pour ici) avec ventilateur au plafond tournant à fond jour et nuit (l’occasion pour nous d’imaginer le nombre de décès annuels par décapitation dans des chambres équipées de tels ventilateurs délabrés).
C'est aussi une amère déception pour nous de ne pas avoir pu vivre l'étape de la jungle à 100%, et cette pause forcée nous précipite dans un franc coup de moins bien (qui atteint son paroxysme quand nous visitons le parc botanique de Tena, sorte de zoo de Vincennes local, avec tout ce que ça peut avoir de glauque et écœurant).

Après 4-5 jours alités ou presque, nous sortons de notre sédentarité samedi pour découvrir, à quelques kilomètres de Tena, les cascades de las Latas. Cette balade à travers la forêt reprend les mêmes conditions que nous avions gouté à Tamia Yura (chaleur étouffante, humidité à son maximum) mais également une flore et une faune exaltées pour notre plus grand bonheur.

Une sortie nature qui nous revigore et remet en selle notre appétit d’itinérance.


La cascade de Latas


Un monde de sensation #4
Petite leçon de plongeon...

jeudi 24 février 2011

Tout ce que vous n’osez pas nous demander sur l’Equateur

Bande de timides ! On a bien vu que vous n’osiez pas poser des questions ! Alors, comme on n’est pas bégueule, on l’a fait pour vous :

Eau du robinet ou eau minérale ?

Eau du robinet si tu es un aventurier gastrique, sinon tout le monde ici (équatoriens compris) préfèrera l’eau minérale qui du coup est vendue à tous les coins de rues de la petite bouteille ou container de 20 litres. Celle qui a pignon sur rue s’appelle la Tesalia (c’est l’Eau du Cotopaxi).


Quelle taille fait le pays ?

A peu près la moitié de la taille de la France. L'Équateur se découpe verticalement en 4 parties : la côte à l’ouest, les Andes au milieu, et enfin la partie équatoriale et forestière à l’Est. La 4ème partie, c’est les îles Galapagos (et là, rendez-vous fin avril).




Quelle saison est-ce en ce moment ?


Ça dépend à qui on demande. Vers Quilotoa, on nous disait que c’était l’hiver, quand à Tena on nous affirme que nous sommes en plein été. Difficile de s’y retrouver, à l'heure où j'écris il fois faire fastoche 40°C ici, alors qu'à 100 bornes, il neige dans le Parc Cotopaxi...
Disons juste que ça change tellement peu de choses pour eux qu’ils ont que peu d’intérêt à s’en préoccuper.

Quelle est la monnaie ?

Le dollar (pour un pays qui clame sa souveraineté nationale, ça fait bizarre…). Par contre, l’envers des pièces (dollar et cents) est floqué aux couleurs de l’Equateur, comme une façon de montrer qu’ils ne sont pas complètement sous emprise impérialiste. N’empêche que tout ce qu’ils y gagnent, c’est à ne pas pouvoir utiliser ces pièces aux States.


Combien de temps durent les jours ?

Ni éphéméride, ni Laurent Romejko ici, les jours ne réservent aucune surprise : il font tous les jours de l’année la même longueur (équateur oblige) : 12h. Le soleil se lève vers 6h30 et se couche donc vers 18h30... Quand les Kichwas qui nous ont accueillis quelques jours ont appris qu’en Scandinavie, il pouvait arriver que le soleil ne se couche pas, il ont fait une de ces têtes…


Quel est le tube du moment ?

Il résonne dans les bus, dans les voitures qui gueulent impunément dans les rues, sur les téléphones portables, dans les fiestas… Pa Pal Américano (si ça se trouve, c’est un tube planétaire…).



Quel est le plat typique ?

« Pollo con arroz y platano »


Ce qui veut dire poulet au riz avec de la banane plantain grillée. Ici le riz, c’est comme le pain en France, c’est à tous les repas et c’est pas plus mal si vous voyez ce que je veux dire. Disons que le riz nous a rendu de fiers services depuis notre arrivée ici (voir question suivante).

Le pollo, ou poulet, c’est aussi une constante et ça ne coute pas grand chose. Là dessus, je ne sais pas pourquoi c’est si répandu, si vous en savez quelque chose…

Et puis, les bananes plantains, c’est un des fruits les plus présents en Amazonie ou dans les régions environnantes. C’est un fruit à tout faire, on peut en faire des chips, des soupes, des salades, des poêlées, bouillies, cuites, gratinées… un peu comme le Yuca.


Quel est le fruit local ?

Question difficile, c’est un peu comme demander le fromage local en France. Ici, il y a des fruits partout. Mangue, papaye, grenade, fruits de la passion, bananes, goyaves, fraises, mures, raisins, ou des fruits qui n’existent qu’ici comme les tomates d’arbres (photo), les marchés en regorgent à tel point qu’on se demande ce qu’ils peuvent en faire à la fin. Ils ne coutent presque rien et sont un piège pour le touriste européen qui débarque avec un gros appétit, lassé par les clémentines et les poires dures d’un hiver trop long et trop sobre. Bref, nous avons profité et profitons des milles joies et des milles jus du fruit frais et mur sans pour autant avoir à en souffrir. Espérons que ça dur(e).




Quelle est la bière locale ?

La Pilsener. Elle est vendue partout et ressemble à une Kro ou n’importe quelle Pils. L’autre, considérée comme légèrement meilleure est la Club (pas de grosse différence, la même flotte rafraichissante).
La grande bouteille coute pas beaucoup plus que l’eau minérale (environ 90 cts).




Pour déjeuner ?

Le midi, tous les petits boui-bouis et les marchés proposent un almuerzo, c’est à dire un menu complet. Pour 2 dollars, vous avez droit à une soupe (souvent délicieuse), un plat (pollo ou tripes avec du riz, des platains et des crudités), une boisson (jus de fruit ou soda) et parfois un petit désert.

Comment on se déplace ?


En bus, c’est le plus simple et le moins cher (compter 1$ par heure). Le réseau est vraiment très développé ici, et derrière un première impression de bordel sans nom (pas vraiment de lignes, ni d’arrêt, il faut se fier à la pancarte sur le bus et à ce que braille le singe qui dépasse de la porte. Pour rentrer, le bus ne s’arrête jamais, il faut sauter dedans), on se rend compte que – il s’agit bel et bien d’un bordel – mais qu’il a été accepté et intégré par tout le monde. Du coup, ça roule et nous n’avons jamais eu à nous plaindre d’un manquement du réseau de transport.

Sinon, il y a le taxi, plus cher, et avec nos gueules de blancs-becs, le conducteur se fait un plaisir de doubler ses prix. C’est le jeu.


Dans quel sens se vide l’eau du lavabo ?

Dans le sens des aiguilles d’une montre pardi !
La preuve en image :


Dans quel sens se vide l'eau dans un lavabo équatorien ? from marc on Vimeo.


D’autres questions ?

mercredi 16 février 2011

A la trace..

Baños : de la montagne à la jungle

Nous sommes arrivés à Baños avec l'espoir d'un climat plus clément que dans les hautes montagnes et avec l'intention de séjourner pour quelques jours de repos avant de s'enfoncer dans la jungle amazonienne pour quelques semaines.
Julie était encore convalescente quand nous sommes arrivés, et après deux jours de sommeil bien réparateur, nous avons commencé à découvrir les hauteurs de cette station thermale très prisée de la classe aisée équatorienne.
Baños est une ville importante mais paisible dont l'activité principale est le tourisme : en témoignent les centaines de petites agences touristiques et d'hostals qui jonchent les rues, proposant des locations de buggies assourdissants pour pétarader dans les montagnes, des excursions dans la jungle (3 jours auprès de vrais indigènes non contactés !!), des journées rafting, canyonning, locations de vélo...
Bref, on nous voit venir avec nos tronches de blancs becs, et tout ce piège touristique pour backpackers ne nous met pas forcément très à l'aise. Mais bon, c'est le jeu me direz-vous !
La rançon de cette popularité auprès du Lonely Planet, c'est que dans les rues, on croise autant d'équatoriens que de blancs...

Banos, station thermale surplombée de volcans

Comme Grenoble, Baños est entourée de montagnes. Mais ce n'est pas vraiment le même genre de montagne.
En lieu de place d'un Vercors et d'une Belledonne ronflants, nous avons droit au Tungurahua, le volcan le plus actif d'Equateur (la dernière éruption remonte à 2008 et tous les habitants avaient dû évacuer la ville pour plusieurs semaines).

En plus du premier plan, on distingue Julie
qui, comme d'habitude, garde une bonne longueur d'avance.

 Mais puisqu'il semble que le volcan soit assoupi, nous allons en profiter pour aller chatouiller ses flancs et observer la faune et la flore qui peuplent ses environs : flor-ilège :

La coccinelle du coin est bien bronzée

Connait pas le nom, mais très jolies...
Y est t'y pas mignon ce ptit papillon ?



Dans la famille Pigeon, le papa...

La Julitus guidus du routardus, ici à l'état sauvage...

Les paysages traversés rappellent les collines quadrillées de champs comme nous les avons découvertes sur la boucle du Quilotoa, mais cette fois-ci, nous découvrons également une flore beaucoup plus abondante, et une humidité qui jusqu'ici nous avait épargnés.



Il semblerait tout simplement que nous nous soyons rapprochés des plaines et de la forêt Amazonienne qui ne se trouve plus qu'à quelques encablures. 

Entrainement commando avant l'entrée dans la jungle
Après cette débordante activité, vous en conviendrez (opération commando, observation de la faune et de la flore et quelques heures d'ascension et d'approche du volcan), nous nous étions promis de faire une halte au café del Cielo que nous avions nargué à la montée. En descendant les marches des escaliers y menant et, à l'aplomb de la montagne, nous découvrons un peu en hauteur quatre piscines magiques vêtues de mosaïques bleues. En un tour fabuleux, mais non moins douloureux, de "tarjeta" (sésame : VISA), notre café se transforme en trois heures de détente dans les eaux sulfureuses (mais filtrée, ce qui évite d'avoir l'impression de se baigner dans de la boue jaune) du volcan avec vue plongeante sur Baños et en prime un délicieux repas végétarien à la fin.

Une certaine idée de la tranquillité #4
Au début, tout impatients, nous sautons de piscine en piscine, puis, le temps et la température de l'eau aidant, nous commençons à mollir tout comme nos doigts et nos orteils.

Au bout de trois heures, je commence à avoir du mal à sortir la tête de l'eau...


 15 C°, c'est pas assez, je préfère celle à 30 C°

La nuit nous rappelle à l'ordre et après ces bains à 30 C°, 40 C° et 50 C° nos muscles doivent à nouveau se réveiller pour dévaler la pente qui nous ramènera dans le bruit de la ville.


L'une des autres activités fétiche de Baños ce sont les 60 kms qui séparent cette bourgade de la ville la plus importante de l'Oriente (région de l'Amazonie en Equateur), Puyo.
On passe ainsi de 1800 mètres d'altitude, dans les Andes, à 950 mètres, dans la jungle. J'en conviens, jusque là ça ne semble être que de la descente...

Pour 5$, on peut pas non plus demander le casque de vélo, celui du roller fera l'affaire

Mais détrompez vous, nous avons eu de solides montées qui nous ont permis d'apprécier cette "Route des cascades" surplombant le déchaîné et boueux Rio Pastaza.



D'une végétation andine, que vous commencez à bien connaître, nous sommes passés à un monde luxuriant mais assez inhospitalier.
Sur les portions de sentier touristique (rares mais appréciées car sans voiture), nous découvrons des fougères atteignant 2 à 3 mètres de haut, des cascades dissimulées derrière des rideaux de lianes et autres végétaux - dont les noms me manquent - suspendus hors du temps. Les bruits se sont faits plus inquiétants et inconnus (excepté les chiens qui ont failli croquer à plusieurs reprises les mollets de Marc).
Ici, le vert est roi, l'homme n'a qu'à bien se tenir ! 

Pourtant, si certains ruisseaux paraissent immaculés, d'autres bords de route sont jonchés de détritus dont les habitants ne savent que faire. Difficile équilibre.

Les trois prochaines semaines en WWOOF chez Tamia Yura et au coeur de Parque Nacional Yasuni dans la station scientifique nous permettront (peut être) de mieux comprendre cette relation Homme - Nature dans un tel milieu.

(Marc ajoute : "on dirait du Levi-Strauss", sur un ton des plus taquins, vous vous en doutez).
Arrivée sur Mera, après 50 kms, nous rendons les armes




dimanche 13 février 2011

La boucle du Quilotoa

Nous quittons Quito à la nuit tombée, sous une pluie battante et nous enfonçons à vive allure sur l'Avenida des Volcans en Panaméricaine.
Pendant que je m'accroche à mon siège et fixe la route en faisant des prières, Marc préfère l'horreur romancée : il est langue pendue devant un DVD dont le titre pourrait être "Le Bus de la mort", où comment un bus d'étudiants américains est stoppé en plein Ohio et se fait attaqué et dévoré par des monstres à la nuit tombée.
Après 2 heures haletantes pour nous deux, nous sommes éjectés dans Latacunga, petite ville réputée pour ses alentours et son marché, que nous ne manquerons pas d'honorer dès le lendemain matin en y achetant 5 kilos de fruits.
Après le marché, nous décidons de partir randonner pour quelques jours direction Isinlivi. Nous qui croyions avoir vécu le meilleur dans le "Quito-Latacunga", nous sommes dès les premières minutes plongés dans une atmosphère sidérante. Le bus, rempli d'équatoriens rentrant du marché ou de l'école portent tous le chapeau panama vert-bleu ou marron aec de magnifiques plumes accrochées au feutre ou au pull. Dans l'allée, des fillettes debout me sourient, peut-être se moquent, jouent avec une flute puis me parlent.
Pendant ce temps d'observation, le voyage n'est plus le même : le bus/4x4 aux tons bleus et décoré de froufrous aux fenêtres s'engage sans hésiter à travers champs et sur une route de terre. Je pense alors que ce n'est qu'un raccourci. Ce sera en fait notre chemin jusqu'à la fin. Mais c'était sans compter la boue, les nuages et la pluie. Le Quilotoa, c'est haut et l'après midi : "Se llueve cada dia, es el invierno".
Je me réjouis de cette idée, quand soudain le bus dérape. A l'arrière, je ne vois pas grand chose, mais Marc, placé devant me dit après cette étape "Heureusement que t'étais pas près d'une fenêtre".
Des hommes sortent alors et constatent qu'on s'est embourbé. Je demande à mon voisin si c'est grave. Il me sourit en me disant que ça arrive souvent. Le bus patine. Je persiste en lui demandant si nous finirons par arriver. Je crois qu'il ne s'est jamais posé ce genre de question puisqu'il répond avec le ton de l'évidence "Claro !". Je me laisse convaincre en voyant les hommes jeter du sable trouvé miraculeusement dans les bordures du chemin sous les roues du bus. Nous repartons et je finis à l'avant avec Marc qui s'est fait des amis du village d'Isinlivi et qui, pour nous distraire, nous expliquent ce que nous devrions voir sans les nuages.
C'est magnifique !
Ces 4 heures passent finalement vite et nous nous disons que cette fois-ci, nous sommes vraiment vaccinés.

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Et puis j’ouvre un œil…
La nuit n’a pas été très agréable, le sommeil a été chaotique, entre un lit délatté, et les aboiements de deux chiens qui ont trouvé bon de discuter pendant une heure au milieu de la nuit et à 500 mètres l’un de l’autre.
Embrumé par la fatigue, je cherche les fenêtres pour savoir où je me trouve. Par la lucarne du toit, je vois du blanc… peut être même du bleu… Du bleu ??? Mais ça veut dire qu’il fait beau ! Ca veut dire qu’il faut packer, qu’il faut qu’on parte fissa pour en profiter.
Je saute du lit pour vérifier, réveillant au passage mes compères de dortoirs.
Et j’aperçois ceci :

En ouvrant l'œil, au petit matin...

Ni une ni deux, et me remémorant le déluge de la veille, je réveille Julie : « Il faut qu’on parte, ça va pas durer, faut qu’on en profite ».
Finalement, entre le temps de faire son sac et de dévorer le délicieux petit déjeuner que nous a concocté la tenancière, il se passera bien une heure et demi.
Mais peu importe, le soleil est toujours là. Tom, l’anglais qui partage notre réjouissance sort même les flip flap pour l’occasion. Dès les premiers mètres, il manquera de s’étaler une dizaine de fois dans la boue fraiche et se ravisera prudemment… en remettant ses Converses (...).


Une certaine idée de la tranquillité #1

La marche est agréable, le temps est doux et le soleil tient. Nous longeons les pentes des collines andines. La pluie de la veille n’a fait que raviver les couleurs luxuriantes et les milles teintes de vert qui illuminent le paysage. Partout des vallons verdoyants, des champs si gorgés d’eau et de soleil qu’ils explosent de végétation. Parmi les plantes, les yuccas et les eucalyptus pointent des fleurs aux teintes incroyables.

Un monde de sensation #3

Cette première randonnée a consisté essentiellement en un franchissement de vallée pour remonter tout en haut de la montagne suivante et trouver le village de Chugchilan et notre auberge dans laquelle nous passerons la nuit. Le temps est clément et les dénivelés également, nous arrivons tout doux à notre auberge.

Petite pause... et tentative de rapprochement...

Avant de nous assoupir pour la nuit (il n’est que 14h !), nous avons tout de même le temps de découvrir ce village.

Imaginez, sous un ciel couvert mais clair, des baraquement en parpaings gris bruts, cubiques la plupart du temps et avec des ouvertures pour les fenêtres et les portes. Ajoutez une enseigne Coca-Cola vieillie sur la devanture, ou un panneau Movistar (l’opérateur principal du pays). Le tout agglutiné le long d’une ou deux routes en terre. Rajoutez une centaine d’équatoriens, quelques chiens errants et des poules. Vous êtes à Chugchilan.

Ici pas grand chose à faire pour des gringos comme nous, alors on s’est vite posé au bord du terrain de volley, qui regroupe les hommes du village et leur donne l’occasion de paris juteux.

Le très populaire volley équatorien
Le volley équatorien a quelque peu modifié les règles du volley traditionnel. Déjà la balle : il s’agit d’une sorte de ballon de foot bien gonflé mais ça n’a pas l’air de leur faire trop mal. Ils évoluent à 3 de part et d’autre d’un filet perché à 3 mètres (et non 2m42 comme en Europe).
Les équatoriens sont tout petits, ils sont donc bien incapables de smatcher ou de contrer à cette hauteur (tout comme nous d’ailleurs)… Et voilà tout l’intérêt de ce jeu : personne ne smatche.
Comme chez nous, il faut faire trois passes maximum, mais à la dernière, au lieu de smatcher, ils poussent la balle dans les coins, bidouillent derrière le filet. Bref, ça donne des échanges plus longs et les équatoriens ne ménagent pas leurs efforts : ils se donnent à fond, et malgré leur taille, je ne pense pas qu’ils aient a rougir de leur niveau.


Le lendemain, nous partons pour la GROSSE étape. Tellement grosse que nos compères anglais, suédois et danois nous ont faussés compagnie, préférant prendre le 4x4 et rejoindre Quilotoa par la route.
Remarque, ça peut se comprendre : ce matin, on ne voit pas à 50 mètre, un épais brouillard entoure Chugchilan. Surtout cette étape, qui devrait nous voir rallier le cratère du Quilotoa se veut plutôt éprouvante. Les gens qui l’ont fait la veille dans l’autre sens et que nous avons croisé dans l’auberge se sont bien marré quand on leur a dit notre programme : « Ah bah ca va grimper un peu… ».
Si peu… Après une descente de 400m de dénivelés pour rejoindre la rivière, nous allons devoir remonter 1100 mètres (jusqu’à 3 800m)…
Même pas peur, en tant que français prétentieux, on en a vu d’autre, c’est pas ces petites randonnettes équatorienne qui vont nous effrayer !


Paysage équatorien façonné par l'intelligence paysanne

Le terrain est en pente ?
Et alors ?

Dès la rivière atteinte, le ciel se nettoie d’un coup de ses nuages et nous offre un soleil de plomb pour aborder la remontée. Ça c’est de la chance.
La montée est difficile, et escarpée. A cette altitude, on se fatigue vite et les pauses sont nécessaires toutes les 5 minutes. Mais on parvient à arriver à un premier pallier.

Du haut de ses 2m45, Julie contraste avec les équatoriens.
Et on ne sait pas pourquoi… le ciel s’obscurcit, le vent se faire ressentir, une petit bruine puis… le déluge (eh oui, ça va assez vite ici). La pluie ne s’arrêtera plus jusqu’à ce qu’on atteigne, 2 ou 3 heures plus tard, le lac de Quilotoa plongé dans un épais brouillard (nous n’arrivons même pas à le distinguer).
Proches du but, nous hésitons entre deux sentiers pour rejoindre le village de Quilotoa. Une homme passant par là nous indique que celui que nous nous apprêtons à prendre n’est pas le bon, et qu’il faut le suivre… Bon… allons-y…
Il nous fait descendre parmi des habitations gardées par des chiens méchants (ils fait mine de nous protéger en leur lançant des pierres) et nous fait remonter sous la pluie battante. Allant bien moins vite que lui, nous préférons le laisser poursuivre sa route, mais avant de nous quitter, il compte bien se faire rétribuer son aide. Soit.
L’amertume sera d’autant plus grande quand nous nous apercevrons qu’il nous a simplement fait prendre un ralongis pour nous soutirer quelques dollars. Soit.

C’est donc trempés et passablement énervés (jamais agréable de se faire avoir, même quand on sait que c'est pour la bonne cause) que nous arrivons à Qullotoa, village dans le même style que Chugchilan, mais visiblement plus fréquenté par les touristes à en croire les sollicitations continues dont nous sommes l’objet.
La suite de la journée sera plaisante, passée essentiellement à quelques centimètres du poêle de l’auberge à discuter avec quelques autres voyageurs, un peu entre l'Auberge Espagnole et les Bronzés font du skis (e commence à sentir la fatigue... Buena note tutti !).
La fin de la soirée sera en revanche plus studieuse, passée à tenir près du poêle de notre chambre tous nos vêtements trempés en espérant qu’ils sèchent.
Résultat de cette belle journée : Julie est balade, gros coup de froid pris dans la douche de notre cabane sans chauffage quand, une fois savonnés, nous avons découvert qu’ils n’y avait pas d’eau chaude.

Il était temps que cette journée finisse, et comme souvent après les coups durs, voilà que ce matin, il fait beau. Avant que le temps tourne, nous fonçons découvrir enfin ce cratère du Quilotoa qui hier était plongé sous les nuages. Et nous ne sommes pas déçus…

Dans ce cirque de roche et de verdure, une eau bleue-verte reflète les montagnes et la quiétude du lieu.

Écoutez donc ce silence !



Le silence du cratère de Quilotoa



Une certaine idée de la tranquillité #2

Julie rit, avec Tereza et Philipp


Le seul arbre des rives du cratère du Quilotoa


Satisfaits de boucler la boucle (ahah!) nous nous engouffrons dans les bus qui nous ramènera (à fond la caisse, comme d'habitude) au point de départ Latacunga.



Dans le bus du retour

dimanche 6 février 2011

Un ptit 4000 ???

C'est écrit dans les guides : avant de s'attaquer à l'ascension de n'importe quel sommet d'Equateur, il est fortement recommandé de rester 2-3 jours à Quito pour s'acclimater et s'habituer doucement à l'air qui se fait de plus en plus rare avec l'altitude.



Consciencieux de prudents, nous avons respecté les recommandations. Comme Julie le précisait dans le dernier message, Quito est une ville animée et charmante. Le centre historique au passé colonial est coloré et bouillant de vendeurs et animations en tout genre ; les visages sont apaisés et toujours bienveillants, meme envers des gringos comme nous (la blondeur de Julie et ma taille détonnent quelque peu...).



Les Quitenos ont du gout. Pour les constructions d'abord, pour les alliances de couleurs, pour les jardins et pour la cuisines. Ils ont également un sens de la débrouillardise et de la solidarité qui rafraichit radicalement nos habitudes étriquées de garanties et de cynisme. En ce sens, on sent vraiment que la ville vit, au sens le plus vivifiant du terme.

Mais trêves de poncifs, après 3-4 jours à Quito, à s'enivrer de gaz d'échappement (parait-il que raffiner le pétrole coute cher, ce qui explique ces fumées noire qui tapissent  nos poumons), il est grand temps de prendre de la hauteur.

Le Mont Pinchincha est un volcan en activité (pas d'inquiétude, c'est le cas de la quasi totalité des volcans en Equateur) qui culmine à 4 680 mètres sur les hauteurs de Quito. On accède au début de la randonnée par téléphérique (l'étonnante impression de monter à la Bastille, à Grenoble).
Là-haut, il y a moins d'air donc on s'essoufle et se fatigue plus vite.

Dès les premiers pas, on le sent bien : l'impression d'avoir des enclumes aux pieds et un seul poumon. Mais une fois le bon rythme trouvé, on peut lever le nez et apprécier les paysages valonnés, sculptés au fil des éruptions, la végétation désolée faite d'herbes seches et de mousses verte et brune.

La première partie du parcours nous rallie le long d'un faux plat au pied du volcan ; un massif noirâtre écorché de roches saillantes, de sable et d'une végétation grasse, résistante et étonnamment colorée.



Un Monde de Sensation #1

Il faut dire que ce sommet est la plupart du temps dans les nuages. Au fil de l'ascension, les conditions climatiques évoluent en un claquement de doigt : une purée de pois qu'on croirait installée peut se retirer comme une couette et laisser percer soudainement une forte éclaircie (forte, car sur l'équateur, à 4000 mètres, on est tout près du soleil, et il ne fait pas de cadeaux).

Un Monde de Sensation #2

A mesure qu'on se rapproche du sommet, la végétation cède la place à des roches acérées, taillées par les vents violents qui coiffent régulièrement le volcan. A cette altitude, le souffle se fait de plus en plus court et la fatigue ébranle la lucidité. Cela ressemble à un lente hypoglycémie mais ce n'en est pas. C'est l'altitude, il faut boire souvent et se ménager des pauses.
Nous partageons cette saine souffrance et l'immense satisfaction d'atteindre enfin le sommet avec une Américaine et un Australien qui nous accompagnerons également pendant la descente.


Exténués par ces longues heures de marche et quelque peu groggy par ces altitudes inhabituelles, nous finiront la journée dans un bar à la Planet Hollywood que nos compagnons de cordée avaient idenfié comme "authentic".
Ah ces gringos...