mardi 22 mars 2011

La Costa del Sol (comme son nom l'indique)

Y a t-il vraiment besoin d'une légende ?

Pause botanique...

Parce que c'est joli aussi...


...et énigmatique parfois

L'impression d'être en plein Thalassa parfois...

Le ceviche à 10h du matin... un classique de la côte... Délicieux !

Puerto Rico... coucher de soleil sans soleil...

... l'occasion d'un pique-nique...

Ambiance Mitch Bucanon

La spéciale...- à mettre sur votre fond d'écran de bureau - ;-)

Sur la plage de Puerto Rico, ces jeunes équatoriens fougueux ne savent pas encore que dans quelques minutes, ils vont apprendre ce qu'est un "smash"

vendredi 18 mars 2011

Papallacta ou l'étape inattendue

Il y a des étapes, comme celles-là, que vous n'aviez pas prévues et qui pourtant vous laisse de beaux souvenirs. En effet, nous devions revenir plus tôt de la station scientifique dans la semaine, nous devions vite être sur Quito pour régler notre problème de visa, nous devions prendre un long bus. 
Mais voilà, parfois il faut savoir chambouler ses plans. 
Lorsque David, Directeur de la station scientifique, nous propose de faire la route avec lui vendredi, nous acceptons pour prolonger le rêve et la magie Yasuni à ses côtés. Comme à l'habitude, je regarde attentivement le tracé que nous allons faire et m'aperçois que nous passerons par Papallacta décrit comme la ville des thermes luxueux. 

Avec ces éléments en tête, nous décidons tout de même d'y faire une pause, après dix heures de voyage et la traversée, à nouveau, de la chaude province de l'Orellana puis des vertes et pluvieuses réserves écologiques de Sumaco-Galeras et de l'Antisana. Mine de rien nous voilà à nouveau perchés dans les Andes, à haute altitude. Niché dans un écrin de verdure, ce village, finalement authentique, semble endormi. Il y fait frais et nous sortons avec un certain plaisir nos polaires. 

Papallacta en bas à droite
Nous traversons le village jusqu'à trouver à l'avant dernière maison une auberge tenue par une vieille adorable. Ambiance kitsch et mobilier année 50 à l'intérieur mais on s'y sent bien. Dans la salle à manger, un jukebox équatorien semble lui aussi s'être assoupi dans ces mêmes années. Au menu du soir, la vieille dame nous propose une soupe au fromage et légumes suivi de, vous vous en doutez, riz et poulet. Mais avec une saveur particulière. 
La nuit fut elle aussi inattendue. Marc, qui m'assurait au dîner que "l'altitude ne lui faisait rien, bien au contraire...", s'étala dans la salle de bains sans me prévenir. Plus de peur que de mal et passée la séquence "Urgences" en pleine nuit, nous avons au petit matin pris notre maillot de bain pour les thermes. 
Face au volcan Antisana, nous plongeons dans une eau tantôt à 35°C, tantôt à 45°C puisée à la source des volcans.
Volcan Antisana. Le premier qui se découvre de ses nuages depuis notre arrivée
Les thermes ne semblent pas être un piège à touristes : ils sont bien dissimulés dans le paysage, entourés de végétation et nous voyons beaucoup de quiteños qui viennent s'y détendre. En voici l'exemple le plus parlant...

Malheureusement, ce quiteños-ci semble avoir oublié de mettre sa crème solaire...


La deuxième journée fut un peu plus intense, car après avoir pu scruter l'horizon durant toute une journée depuis les thermes, nous avons décidé de faire une randonnée. Ici, la pratique de cette activité, seuls, est un peu compliquée. Il faut surmonter l'épreuve psychologique du garde vous disant "un guia, es necesario, no obligatorio, pero necesario". Passé cela, on vous remet une superbe carte, on vous fait payer l'entrée et on vous souhaite bonne chance. 

Après 20 mètres, première pause. Rappelez vous, on est à 3400 !
Les panneaux manquent mais nous finissons par trouver le sentier et grimpons de 600 mètres à travers une forêt semi-humide puis une végétation plus basse et clairsemée.

Sommet du Pico Oso, 3987 mètres
Arrivés au sommet, non sans quelques difficultés pour ma part, nous avons une vue à 360 ° sur les montagnes alentours et le paramo andin. Nous voyons au loin un deuxième volcan découvert et enneigé, le Cayambe. Quito, au loin, nous attend pour quelques jours, c'est l'heure de la descente.

Ce qu'il y a de plus inattendu dans tout ça, ce n'est pas tellement cette étape vivifiante, mais c'est bien la trajectoire que va prendre notre voyage. En effet, nous n'avons pas pu résoudre notre problème de visa à Quito et nous avons droit au total à 90 jours en Equateur. Nous ne le savions pas ou plutôt les règles ont changé en cours de route... Il nous faut donc aller nous balader quelques 43 jours ailleurs.

Sans trop hésiter, nous partirons vers le Pérou et la Bolivie à compter du 20 mars.


lundi 14 mars 2011

Yasuni : au coeur de la nature

Ce n’est qu’un chapitre de notre voyage, mais cela pourrait tout aussi bien être la quête d’une vie. L’Amazonie.

Le Rio Tiputini
Poumon de la planète, berceau d’une biodiversité exceptionnelle, refuge des derniers peuples indigènes, cet endroit du monde nourrit les rêves de ses particularités et de ses richesses uniques.

Désormais, elle n’est plus une légende, ou un nom exotique lointain.
Nous y sommes, nous la voyons, nous l’entendons, nous la sentons.

Plusieurs pays se partagent l’Amazonie ; le Brésil, la Colombie, le Pérou, l'Équateur et bien d’autres.
Située en plein sur l'équateur, cette forêt bénéficie d'un climat particulier à la fois très chaud et très humide toute l'année.  Ces conditions favorisent la présence d'une faune et d'une flore très riche.
Certaines zones sont plus exceptionnelles que d'autres car elles ont été épargnées par la dernière glaciation. Dans ces refuges, des espèces ont survécu et peuplent encore aujourd'hui ces forêts. Le Parc Yasuni est parmi ces zones uniques. Il est considéré par les naturalistes comme l'une des zones les plus bio-diverses au monde. Voilà pourquoi nous souhaitons y aller.

Seulement, il n'existe que trois moyens de pénétrer dans le parc Yasuni :
  • Être Huaorani, Tagaeri ou Taromenane, les trois tribus qui peuplent ce parc. Les Tagaeris et Taromenanes sont des communautés non-contactées, ce qui veut dire qu’ils ont choisi de vivre en isolement vis-à-vis de la société. Ils vivent de chasse, pêche et ceuillette dans une zone dite intangible, c’est à dire protégée de toute exploitation. Les premiers missionnaires (religieux ou pétroliers) qui ont tenté de rompre cet isolement ont souvent fini la tête en haut d’une lance. 
  • Être employé d’une des compagnies pétrolières qui exploitent le pétrole du parc. La relation entre l'Équateur et le pétrole est une longue et tortueuse histoire, mais disons que dès que le pays a découvert ses richesses pétrolières dans les années 50, les compagnies du monde entier se sont ruées sur ces territoires vierges. Les destructions et pollutions ont été considérables et ont anéanti une partie importante des écosystèmes équatoriens. En plus de détruire les richesses inestimables du pays, ces entreprises-providence ont entaillé ces territoires de routes pour faciliter les transports et y ont déversé dollars, télévisions, voitures 4x4, et corruption. Les Huaoranis d’aujourd’hui s’habillent en Diesel. 
  • Être scientifique et séjourner dans la station scientifique située en plein parc Yasuni pour y étudier la faune et la flore qui y sont uniques.
Devenir Tagaeri semble difficile, et se faire embaucher chez un petrolero encore plus. Nous avons donc opté pour la troisième possibilité après une entrevue avec Olivier Dangles, écologue français qui travaille à Quito et qui s’intéresse beaucoup à Yasuni. Après avoir évoqué la richesse unique de ce parc (il est l’auteur de BiotaMaxima, un livre splendide à recommander), il nous a proposé de voir la réalité de plus près en passant quelques jours dans ce centre.
C’est une chance inouïe que nous ne laisserons pas passer.

Ce matin là, nous nous présentons à Pompeya, dernière ville à la lisière de la jungle. Nous devons prendre un bateau pour traverser le rio Napo, limite nord du parc Yasuni. Sur l’autre rive, ambiance double grillage, vidéo surveillance et fils barbelés. Nous sommes sorti du territoire équatorien pour rentrer en territoire Repsol. La compagnie pétrolière détient en effet la concession de ce bloc pétrolier, le bloc 16, et y fait la loi. Nous devons montrer patte blanche avant d’y pénétrer. Venant « sous couvert » de la station scientifique, nous ne rencontrons aucun problème et David, le directeur de la station nous attend dans son 4x4 pour filer direction la station.
Sitôt sorti de la base Repsol, nous suivons une route de terre et plongeons enfin dans une végétation dense et haute. Quelques heures plus tard, c’est à la station que nous arrivons, bâtiment-mirage emmitouflé dans une jungle épaisse.


La station est située sur les rives des eaux rouges et marron du fleuve Tiputini, couleur identique à la terre argileuse que nous foulons sitôt descendu de voiture.
Pour les recherches de ses pensionnaires, la station entretient quelques sentiers aux alentours qui permettent de s’immerger dans la nature puissante du lieu et d’y découvrir quelques uns des nombreuses espèces d’arbres, de reptiles, d’orchidées ou d’amphibiens.



Durant ce séjour, le climat équatorial nous a gratifié d’une journée d’un soleil magnifique, au prix acceptable de la veille, journée durant laquelle il n’a cessé de pleuvoir. Nous en avons donc profité pour découvrir ce parc Yasuni coté fleuve, le long d’une descente du Rio Tiputini avec Mingi le chef de la tribu Huaorani proche de la station.




De part et d'autres du fleuve rouge, les rives débordent de végétation
Nous avons également pu observer la forêt du haut d’un mirador culminant à 30m.




A ce moment de la description, les mots manquent pour dépeindre avec précision l’ampleur et la force du spectacle de la nature dans son état le plus spontané.




Ici, la vie surgit. A la moindre occasion. Un peu d’eau et de lumière suffisent à faire exploser une graine dans le sol et à la voir s’étendre de tout son long pour aller disputer la lumière aux autres espèces.


Des lianes massives s’entremêlent le long de troncs gigantesques, colonisés par de splendides lichens, sorte de coraux des forêts.



 
Les plantes se livrent à un concours de créativité toujours plus coloré et plus loufoques.



La forêt entonne une symphonie dans laquelle chacune des espèces tient une partition riche et juste : le petit matin appartient aux oiseaux, les cigales tiennent la fin d’après midi, et les grenouilles s’emparent du début de nuit. Les cris d’oiseaux sont d’une créativité époustouflante, si bien qu’ils
paraissent faux ou exagérés.



Les animaux sont les maitres en ces lieux. Ici le mot "sauvage" revêt un le sens le plus véritable qui soit.

Maman Tapir avec son petit, Bernard (...)

Les senteurs aussi sont vives. Dans l’air lourd de la jungle, on distingue les odeurs mêlées de feuilles et de terre.

Pour qui cherche à comprendre les inspirations et directions du monde dans lequel nous vivons, la nature peut recéler d’innombrables pistes :

Prenez par exemple cet arbre dont j’ai oublié le nom. Pour se protéger de compétiteurs, il a conclu un pacte avec les fourmis. En l’échange de leur protection contre toute nouvelle pousse d’arbres dans les alentours, il leur offre d’habiter son tronc et ses branches. Si bien que, lorsque vous coupez une de ces branches, ce sont des centaines de fourmis qui en sortent. Comestibles, ces dernières ont une délicieuse saveur acidulée de citron.


A l’état brut, la nature peut aussi permettre de mettre en perspective le cycle de la vie. Si la vie surgit avec autant de force, c'est parce qu'elle est assistée par la mort. Ici la mort fait partie de la vie, elle n’est qu’une étape de renouvellement. L’arbre mort tombera à terre et libèrera une place au soleil ; et par une rapide décomposition, il viendra alimenter en humus les racines de ces congénères. Ceux-ci inhumeront leur aïeul de feuilles et de fruits.


dimanche 6 mars 2011

Coca - Tena : même combat ?

Fini les épisodes gastriques et autres complications !
Ce dimanche 27 février, nous prenons la route direction San Francisco de Orellana. Capitale provinciale, comme Tena, San Francisco de Orellana ou Coca est une ville de la jungle où l'humidité a laissé place à une chaleur suffocante.

A la trace

Pendant sept heures défile sous nos yeux la jungle luxuriante à perte de vue. L'arrière plan constitué des montagnes à Tena n'existe plus ici. Seuls des arbres, souvent remplacés par des palmiers, marquent la ligne d'horizon. Mais des arbres, dans la ville dans laquelle nous arrivons, point du tout. Il y coule toujours au milieu la même rivière qu'à Tena, le Napo.
Les guides sont unanimes : "Coca n'est qu'un point de départ à traverser rapidement avant de rejoindre les eco - lodges les plus luxueux du pays (compter 1400 €/personne pour 3 jours)". Mais nous, nous prenons le risque de nous laisser surprendre par cette étape studieuse.
En effet, comme vous le savez, hormis le tourisme, nous sommes ici pour tenter d'approfondir la proposition de l'Équateur de laisser du pétrole sous terre (pour en savoir plus, consulter notre autre blog, mis à jour TRÈS régulièrement). Ainsi, après avoir recueilli des témoignages d'associations et d'universitaires à Quito, nous espérons ici rencontrer les citoyens au plus proche de cette proposition.

Dernière ville avant l'entrée du Parque Nacional Yasuni, Coca s'est construite, non pas en 1560 comme Tena, mais 400 ans plus tard, dans les années 60 pour accompagner le développement de l'exploitation pétrolière. Fini les nombreuses fincas préservant les savoirs faire traditionnels de Tena, ici tout est importé et ça se ressent : les prix sont quasi européens. Dans les magasins, se déversent Nike, Puma et Reebok. Exit les tenues traditionnelles de type : souliers en cuir, gros bas en nylon blanc, jupe bleu droite au genou, châle de couleur vive et chapeau panama. Marc et moi passons pour des has been vestimentairement parlant devant leur "harlem style".
Mais comme je vous l'ai dit, nous sommes là pour travailler.
Dès le lundi, nous allons à la pêche aux bavards. Notre passage par La Casa del Maito - maito, poisson pêché dans les lagunes bordant le fleuve Napo - nous offre sur un plateau une interview dès le lendemain, avec son tenancier, Luis Duarte (ci dessous).

Marc s'est risqué au poisson au PCB, j'ai fait la fine bouche

Luis et ses amis ont décidé de nettoyer à la main les lagunes envahies par des algues invasives et de montrer ainsi au monde que les petites initiatives sont encore les meilleures.
Notre deuxième poisson qui mord à l'hameçon à l'office du Tourisme, est Sandro Ramos. Guide indépendant, il a pourtant travaillé 3 ans chez Respol dans le bloc 16 avant de réaliser que seul le tourisme raisonné pouvait sauver la culture, la biodiversité et la population locale.

Le décalage, entre ceux pour qui la suite demeure le pétrole et ceux pour qui le tourisme communautaire peut devenir l'or vert, est grand et nous surprend.
Ce ressenti ne va faire que s'accroître et atteindra son paroxysme avec le Carnaval organisé par les autorités municipales du 4 au 7 mars.
Le 5 mars, déclaré par le Président en 2010 jour du Yasuni, est l'occasion de rappeler le trésor que revêt ce Parc National. Enfin, c'est ce que nous pensons...
Par coïncidence, nous rencontrons une militante dans notre hôtel qui travaille pour le PNUD. C'est grâce à elle que samedi, dès l'aube, nous grimpons dans un pick-up en compagnie de la communauté Shuar Atahualpa pour faire un happening pendant le carnaval. Nous fonçons à travers les bidonvilles oubliés du pétrole, et passons notre premier check-point. En effet, à l'entrée des blocs pétroliers, il faut motiver sa présence à la compagnie. Nous observons avec effroi l'oléoduc qui se fraye un passage le long du chemin carrossé. A notre arrivée, d'autres militants, cette fois-ci beaucoup moins Shuar et beaucoup plus blancs s'apprêtent à monter dans les bateaux qui glisseront jusqu'à Coca. Pour couvrir l'évènement, la presse australienne est là et nous bien sûr !



Tout y est : slogans, cris, banderoles, chansons et même façon greenpeace, la prise d'assaut du pont (pour écrire Y-A-S-U-N-I) menant à la célèbre via Auca, symbole de l'extraction pétrolière et du déplacement des peuples Huaoranis.

Le pont en question

Après ce bain de militants, nous voulons vérifier avec un micro trottoir si les habitants connaissent eux aussi l'initiative. Et là, ce n'est plus un bain mais la douche froide ! Qu'en savent-ils ici ? Rien.
Les militants se dispersent pour laisser place à une fête bruyante, assourdissante où la principale activité est le barbouillage de mousse à raser.

Activité favorite du carnaval

Les locaux ont compris que le pétrole c'est l'argent, la modernité, l'alcool et les voitures. Ils ne veulent pas vivre comme les communautés qui en sont encore à se battre... pour la reconnaissance de leurs droits. Eux ont rendu les armes depuis longtemps pour se vautrer corps et âmes dans l'ultra consommation. Aux musiques et défilés traditionnels des Shuar en tunique bleu et perles issus de fruits, ils préfèrent s'agiter sur Shakira ou la Macarena.
Le Maire, lors de son discours, même s'il mise ouvertement sur le développement touristique, se risque à peine à évoquer en deux phrases Yasuni, qui sur le papier serait un Parc National, une proposition révolutionnaire et même une journée nationale ! Oui, mais le papier ici, on n'en a que faire !

La TV écran plat tourne à plein régime dans tous les bars de la ville, une voiture - information (comme celle du cirque Pinder) sillonne trop bruyamment les rues dans lesquelles il est impossible de trouver une librairie.

L'oralité serait elle donc le seul vestige transmis par les communautés indigènes ?

Notre déception est grande mais à la différence de Tena où nous n'avions pas été beaucoup plus loin que notre lit, nous avons pu palper les trajectoires de cette cité.
Une chose est sûre, après une semaine dans cette contrée, il vous sera facilement possible de comprendre que d'occidental, cette ville n'en a pas que le nom...

De Tena à Coca, un fleuve les relie mais tout semble les séparer